Partager les moments précieux de vos enfants sur les réseaux sociaux semble naturel. Mais cette pratique expose leur vie privée à des risques souvent sous-estimés. La CNIL vous alerte régulièrement sur les dangers du « sharenting » et les erreurs courantes qui compromettent la sécurité numérique des mineurs. Découvrez les comportements à bannir absolument pour protéger l’identité numérique de vos enfants.
Erreur n°1 : publier des photos sans le consentement de l’enfant
Poster des images de votre enfant sans lui demander son avis constitue la première erreur majeure identifiée par la CNIL. Même jeunes, les enfants possèdent un droit à l’image et à la vie privée qu’il convient de respecter. Cette pratique crée une identité numérique sans leur accord et peut générer des tensions futures.
Sollicitez systématiquement son autorisation vers 6-7 ans avant toute publication.
Expliquez-lui où l’image sera diffusée, qui pourra la voir et pourquoi vous souhaitez la partager. Les adolescents manifestent souvent leur gêne face aux publications parentales sur les réseaux sociaux. Ignorez cette réticence expose à des conflits familiaux et/ou à une atteinte au développement de leur identité personnelle.
Toutefois, la CNIL rappelle que le droit à l’effacement existe. Un enfant devenu majeur peut légalement exiger le retrait de toutes les publications le concernant diffusées durant sa minorité.
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Erreur n°2 : partager des informations personnelles identifiables
Divulguer le nom complet, la date de naissance, l’adresse du domicile ou l’établissement scolaire de votre enfant représente un danger considérable. Ces données permettent aux personnes malveillantes de reconstituer l’identité complète d’un mineur. Les légendes détaillées accompagnant vos photos révèlent souvent involontairement des informations sensibles.
« Premier jour à l’école Jeanne d’Arc de Lyon » ou « Anniversaire de Lucas, 8 ans aujourd’hui », fournit des éléments exploitables par des individus mal intentionnés. La CNIL recommande d’adopter des descriptions génériques sans précision géographique ni temporelle. Les métadonnées embarquées dans vos fichiers photo constituent également une source d’information négligée.
Les smartphones modernes enregistrent automatiquement la géolocalisation, la date et l’heure de prise de vue. Avant toute publication, désactivez la géolocalisation dans les paramètres de votre appareil ou supprimez manuellement ces données via des applications dédiées.
Erreur n°3 : négliger les paramètres de confidentialité
Publier en mode public sur les réseaux sociaux expose les images de vos enfants à des millions d’utilisateurs inconnus. Cette négligence constitue l’une des erreurs les plus fréquentes selon les observations de la CNIL. Les contenus publics peuvent être indexés par les moteurs de recherche, copiés, modifiés et diffusés sans contrôle.
Configurez systématiquement vos comptes en mode privé et vérifiez régulièrement ces paramètres après chaque mise à jour des plateformes. Elles modifient fréquemment leurs options de confidentialité, parfois en réinitialisant vos préférences précédentes.
Aussi, limitez votre audience aux personnes de confiance en créant des listes d’amis restreintes spécifiquement pour les publications concernant vos enfants.
Désactivez l’option permettant aux autres utilisateurs de partager vos publications. Cette fonctionnalité brise votre maîtrise de la diffusion et expose les photos de vos enfants à des audiences inconnues, échappant totalement à votre contrôle initial.
Erreur n°4 : publier des contenus sensibles ou embarrassants
Partager des photos de vos enfants nus, en sous-vêtements, sur le pot ou dans des situations embarrassantes constitue une atteinte grave à leur dignité. La CNIL insiste particulièrement sur ce point : ces images intimes alimentent malheureusement les réseaux pédocriminels et peuvent être détournées à des fins illégales.
Aussi mignons ou drôles qu’ils vous semblent, ces contenus deviennent une source d’humiliation future pour l’enfant. Imaginez sa réaction adolescente face à ces publications visibles par ses camarades. Les images montrant votre enfant en pleurs, en colère ou en situation d’échec scolaire nuisent à la construction de son estime personnelle.
Évitez également les photos révélant des informations médicales : appareillages orthopédiques, traitements visibles, consultations hospitalières. Ces données de santé relèvent du secret médical et leur divulgation expose votre enfant à des discriminations potentielles, notamment dans son parcours scolaire ou professionnel futur.

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Erreur n°5 : ignorer la permanence des contenus en ligne
Croire qu’une publication supprimée disparaît définitivement d’internet représente une erreur de jugement dangereuse. La CNIL rappelle régulièrement que le web possède une mémoire persistante. Les captures d’écran, sauvegardes automatiques et partages successifs rendent quasi impossible l’effacement complet d’un contenu diffusé.
De même, les plateformes conservent généralement vos données sur leurs serveurs même après suppression apparente. Les conditions générales d’utilisation accordent souvent aux réseaux sociaux des droits d’exploitation étendus sur les contenus publiés.
Lisez attentivement ces clauses avant d’accepter aveuglément.
Les archives numériques et les services de sauvegarde automatique comme les caches Google ou la Wayback Machine gardent traces de nombreuses publications. Une image diffusée aujourd’hui peut resurgir dans dix, quinze ou vingt ans, potentiellement au moment le plus inopportun de la vie de votre enfant.
Erreur n°6 : autoriser les tiers à publier des photos de vos enfants
Grands-parents, oncles, tantes, amis de la famille, etc., de nombreuses personnes photographient vos enfants lors des réunions familiales. Négliger d’encadrer leurs publications constitue une faille majeure dans votre stratégie de protection. La CNIL souligne que la responsabilité parentale s’étend au contrôle des diffusions effectuées par les tiers.
Communiquez clairement vos règles concernant la publication d’images impliquant vos enfants. Exprimez vos limites fermement, mais respectueusement. Cette conversation préventive évite les malentendus et les publications non désirées.
N’hésitez pas à surveiller régulièrement les comptes de vos proches pour identifier d’éventuelles publications non autorisées.
En cas de publication non consentie, exercez votre droit d’opposition immédiatement. Contactez l’auteur pour demander le retrait amiable. Si cette démarche échoue, signalez le contenu à la plateforme concernée en invoquant le droit à l’image des mineurs. En dernier recours, la CNIL peut être saisie pour faire valoir vos droits.
Erreur n°7 : sous-estimer les risques du marketing d’influence parental
Le phénomène des parents influenceurs monétisant l’image de leurs enfants sur YouTube, Instagram ou TikTok inquiète particulièrement la CNIL. Transformer son enfant en produit commercial expose à des dérives psychologiques graves et constitue potentiellement une forme d’exploitation.
L’exposition médiatique intensive prive l’enfant d’une enfance normale et crée une pression psychologique considérable. Les commentaires publics, parfois malveillants, affectent le développement émotionnel et l’estime personnelle. La législation française encadre désormais l’exploitation commerciale de l’image d’enfants de moins de 16 ans.
Les revenus générés par ces contenus appartiennent légalement à l’enfant et doivent être placés sur un compte bloqué jusqu’à sa majorité. Utiliser cet argent pour financer le train de vie familial constitue une faute grave sanctionnable juridiquement.
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Erreur n°8 : ne pas éduquer son enfant à la vie privée numérique
Protéger votre enfant sans l’impliquer dans cette démarche représente une erreur éducative majeure selon la CNIL. Les mineurs doivent comprendre progressivement les enjeux de leur identité numérique pour développer leur autonomie et leur esprit critique face aux technologies.
Dialoguez régulièrement avec vos enfants sur les publications les concernant. Montrez-leur ce que vous partagez, expliquez pourquoi certaines images restent privées, et écoutez leurs éventuelles objections.
Cette transparence construit une relation de confiance et développe leur conscience des risques numériques.
Accompagnez l’entrée de votre enfant sur les réseaux sociaux en établissant ensemble des règles claires. Définissez les contenus acceptables, les cercles de diffusion appropriés, et les comportements à adopter face aux sollicitations en ligne. Cette éducation préventive forge leur capacité à se protéger autonomement.
Pour finir, protéger l’identité numérique de vos enfants exige vigilance, réflexion et respect de leur vie privée. En évitant ces erreurs identifiées par la CNIL, vous préservez leur sécurité immédiate et leur avenir digital. Leur empreinte numérique commence aujourd’hui, assurez-vous qu’elle reflète vos valeurs de respect et de bienveillance.






