Pourquoi les recruteurs demandent-ils aux candidats s’ils sont célibataires ?

La question du statut matrimonial revient régulièrement lors d'un entretien d'embauche. Mais pourquoi les recruteurs posent cette question ? Et ont-ils le droit de le faire ?

Pourquoi les recruteurs demandent-ils aux candidats s’ils sont célibataires ?

En matière de recrutement, il semble que les statistiques penchent en faveur de la « solo life ». Et pour cause ; près de 37 % des célibataires français affirment que leur situation personnelle a été un catalyseur professionnel. Dans l’imaginaire collectif, un employé célibataire est flexible, disponible et ouvert à toutes propositions. Et si les recruteurs avaient en ce sens trouvé le profil idéal ?

Des préjugés persistants

En milieu professionnel, la famille constitue un sérieux handicap… ou pas. Selon la plupart des employeurs, de nombreux N-1 n’hésitent pas à utiliser leur situation familiale comme argument pour se soustraire à certaines tâches. Voilà pourquoi le recrutement des personnes solos peut avoir la cote… Toutefois, la réalité est toute autre. 

Jean-Claude Kaufmann, spécialiste de la sociologie du couple, s’est intéressé au rapport existant entre les patrons et le statut familial de leurs salariés. Il faut dire que le résultat de cette étude s’avère assez surprenant !

Primo, l’impact du célibat sur une carrière professionnelle est liée au sexe du travailleur. Les femmes sont souvent lésées, considérées à tort comme des personnes acariâtres et pénibles à vivre. Si elles sont en couple avec des enfants, leur employeur imagine qu’elles seront de moins en moins disponibles du fait de leurs engagements privés. 

Secundo, le statut familial a une incidence directe sur l’accroissement ou la diminution des revenus liés au travail. D’après une étude menée aux États-Unis entre 1978 et 2006, un homme verra ses gains augmenter de 6 % s’il fonde une famille. Par contre, ceux d’une femme baisseront d’environ 4 %.

entretien d'embauche

La question du célibat lors du recrutement

À l’images des qualités et défauts, le recruteur pose cette question afin d’infirmer ou de confirmer une opinion à votre sujet ! Prenons par exemple le cas d’une candidate à un emploi. Si elle est trentenaire, il se dira qu’elle ne tardera pas à fonder sa propre famille. Le chasseur de têtes imagine de facto des congés maternité, des absences au poste à cause de la maladie d’un enfant, des refus liés aux heures supplémentaires… Tant d’obstacles décourageants pour le recruteur

Si le postulant est un homme célibataire d’un certain âge (la quarantaine en particulier), le recruteur se demandera pourquoi ce dernier postule. Est-ce un problème affectif ou une incapacité à être fidèle ? Sa supposée instabilité émotionnelle n’impactera-t-elle pas sur son professionnalisme ?

Environ 61 % des personnes interrogées affirment qu’un RH leur a posé cette fameuse question.

La plupart du temps, les employeurs n’hésitent pas à s’immiscer dans la vie personnelle de leurs candidats. À cet effet, une enquête menée par Hays France & Luxembourg sur LinkedIn et Twitter confirme cette tendance.

Environ 61 % des personnes interrogées affirment qu’un RH leur a posé cette fameuse question. Allons plus loin, plus de 51 % d’entre eux confirment la récurrence de cette pratique !

Mais finalement, pourquoi une telle interrogation ? La réponse est simple : il faut savoir à quoi s’attendre avec ce nouveau postulant. Cela permet en fait d’anticiper et de mieux optimiser l’utilisation de sa future ressource humaine.

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Que dit la loi à ce sujet ?

En tant que candidat, vous devez savoir que les questions relevant du privé sont formellement interdites d’un point de vue légal. Le but d’un entretien d’embauche est d’établir une compatibilité entre les compétences du postulant et les missions du poste à pourvoir. Rien de plus !

L’article L. 1221-6 du Code du travail stipule ceci :

« Les informations demandées, sous quelque forme que ce soit, au candidat à un entretien, ne peuvent avoir comme finalité que d’apprécier sa capacité à occuper l’emploi proposé ou ses aptitudes professionnelles. Ces informations doivent présenter un lien direct et nécessaire avec l’emploi proposé ou avec l’évaluation des aptitudes professionnelles. »

Pour aller plus loin, la loi considère comme discriminantes les questions basées sur l’origine, le sexe, les mœurs (orientation sexuelle, identité de genre…), l’âge, la situation familiale (grossesse en cours…), le handicap ou la perte d’autonomie, l’appartenance à une ethnie, un pays, une race ou une religion.

Vidéo bonus : 7 questions que le recruteur se pose sur un candidat

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Julie Leveque
Rédactrice spécialisée dans le marketing, la créativité et l'éducation.